Les chroniques élégantes de mondoclone©
On a appris à piloter sur un Stampe, en un autre espace-temps !
C’était juste avant que le monde n’établisse des règles, des normes, tous clonés, pas une tête qui dépasse !
En cette préhistoire, il n’était pas nécessaire d’être riche pour voler, le coût de l’heure était celui d’une auto école, plus les 26 litres d’essence consommés à l’heure. En ce temps, 26 litres, c’était peu de chose !
Après 12 ou 15 heures en double commande avec un copain moniteur et on était « lâché ».
Nous domptions notre machine volante de la main et des pieds. Le bois, la toile et le 4 cylindres Renault qui la mouvait, étaient un prolongement de notre corps…. On surveillait la jauge d’essence pour rentrer le soir, face au soleil couchant, avec le sentiment d’un jeune condor planant au sommet de la cordillère des Andes !
L’équipement était un serre-tête de cuir, une veste épaisse, des lunettes pour compléter le petit pare brise ! On n’avait pas de radio, on la considérait comme une atteinte aux libertés !
Il fallait juste une bonne carte et une certaine connaissance topographique…
On faisait la course avec les camions, à 15 m d’altitude au ras des nationales !
On survolait les boucles de la Marne en virages serrés, l’aile basse à 3 mètre de l’eau. Les pêcheurs plongeaient devant nous !
À la moisson, on se posait dans les champs, entre les meules, pour boire un coup avec des amis paysans…
Une panne, un gicleur bouché ? On atterrissait sur une route de campagne ! Une voiture s’arrêtait, nous prêtait une clef, on soufflait dans le gicleur et on repartait en remerciant le conducteur, il était ravi d’avoir pu dépanner un avion.
En cas de long voyage, il fallait refaire le plein : on avait de bonnes adresses : une station service placée entre un champ et une départementale avec un pompiste sympa qui nous passait jerricans et sandwiches !
Un autre jour on a retrouvé une antenne télé prise dans le train d’atterrissage…
…Nos machines sont maintenant des antiquités que parcourent en courant des groupes de touristes alignés derrière le fanion du guide, plus occupés à regarder leur Smartphone que la réalité objective !
Aujourd’hui, on regarde la télé, on voit des gamins virtuoses sur des planches à roulettes, ils sont extraordinaires…
Dans quelle faille temporelle sommes nous tombés ?