Les chroniques élégantes de mondoclone©
C’était un déjeuner dont on devait se souvenir
L’époque : les années 1980
Le lieu : une Principauté...
Le restaurant : nouveau, chic mais sans ostentation.
Le décor : sobre mais délicieux, ludique et unique !
Le Chef : jeune, avec déjà un glorieux passé et un avenir prometteur.
La cuisine : nouvelle, concrète et hyper contemporaine, surprenante, intellectuelle et épurée.
Les mets : chaque plat était une œuvre d’art, le top de l’époque, raffiné et… minimaliste !
L’amphitryon :
- L’inventeur du lieu.
- Son épouse.
Les convives :
- Le Prince.
- Le plus grand entrepreneur
de la principauté.
- Son vieux père,
(fondateur de l’entreprise),
- Le légat de mondoclone…
Chacun admirait la carte comme on déchiffre un incunable de 1450, chacun y cherchant la pierre philosophale d’une gnose culinaire.
Le respect commanda une minute de silence…
Il fut rompu par le Maître-cuisinier en personne, venant saluer les hôtes avec élégance en leur demandant ce qu’ils désiraient.
Le vieux père pris la parole. C’était un petit homme maigre, raviné, avec un nez en bec d’aigle, un extraordinaire regard bleu et une voix grave :
"Je voudrais des patates à l’eau.
L’artiste culinaire, coi un instant, proposa une savante composition.
"Non sans rien, juste des patates à l’eau…
Devant le silence interrogatif, le vieil homme tendit ses mains, usées, marquées, formidables, plus ridées qu’un cul d’éléphant :
"Je suis arrivé dans ce pays il y a 60 ans sans un sou, je n’avais que mes main pour travailler et je mangeais des patates à l’eau.
J’ai travaillé, j’ai élevé mais enfants, fait vivre ma famille: je mangeais des patates à l’eau !
J’ai fait fortune, j’ai construit cette ville et mon fils ici présent continue…
(Sa main balaya le panorama de gratte-ciels en bord de mer)….
"Je ne mange que des patates à l’eau….
Un ange passa…