Les chroniques élégantes de mondoclone©
L’Éléphant halé
Un hurlement dans la nuit, une sorte de barrissement de bête blessée, des bruits de chaine, des cris de colère, je me réveille…J’ai dû rêver…il est 3 heure du matin…
Les cris se répètent, je sors du lit et regarde par la fenêtre du troisième étage de la maison. Un camion est garé juste en face, à l’arrière, 3 hommes tirent sur des chaînes, tentant d’y faire monter… un éléphant !
L’animal arrivait de Francfort, le long voyage l’avait énervé, les transporteurs n’avaient rien trouvé de mieux que de le sortir un peu pour le détendre. Ayant goûté l’air nocturne de la liberté, il ne voulait plus remonter dans le camion.
Heureusement c’était un jeune éléphant d’à peine:
2,5 mètres au garrot
et 2 500 kilos !
C’est petit pour un éléphant, c’est gros pour la promenade.
Les possesseurs de toutou de plus de 45 kilos comprendront : il vaut mieux que la bête obéisse !
Dans sa colère l’éléphant fonça tête baissée dans la grille du voisin, mettant ses dresseurs à l’horizontal.
La grille, en barreaux ronds de fer plein de 15 millimètres, prit la forme d’une sculpture de Vasarely:
Une demi-sphère absolument parfaite d’un mètre de diamètre, on aurait voulu le faire, qu’on n’aurait pas fait mieux !
L’animal étourdi se laissa tirer dans le camion et ce fut fini…
Le voisin était en vacance. C’était un bougon, un désagréable râleur, jamais content….
Pourtant, je me chargeais de lui transmettre l’adresse des transporteurs, pour l’assurance.
Lorsqu’il rentra, il se figeât sur le trottoir de ce quartier de banlieue, habituellement calme et tranquille…
Perplexe, il regarda longuement sa grille.
Je m’approchais et lui tendis la carte de visite.
Il demanda :
"Comment c'est arrivé ?"
J’ai alors éprouvé un plaisir rare, unique, indescriptible, à lui répondre :
"C’est un éléphant…"