J'accuse ! Éditorial

Plats du jour :

"J'accuse".

Émile Zolo

J'accuse !

Par notre Clone-rédacteur : Yaser A.

Matricule : 80 302 ZXy /Série 2 212/ Usine 63

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■ : Toto Sketcher : Robot Artiste-peintre de première classe. Peinture réalisée en 7,184 secondes sur béton projeté (740 Kg.), assurant une pérennité contextuelle garantie. (1202 x 900 px./ 352 Ko). Cliquez pour agrandir cette magnifique peinture > touche droite : "enregistrer l'image sous", vous permettra ensuite de l'imprimer, pour décorer votre Home-placard.

(Une taxe de 12 €-clone vous sera facturée pour chaque tirage.)

Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.

En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des innombrables lois sur la presse, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement que je m'expose.

Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.

Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de la Robotique qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !

J'attends.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.

EMILE ZOLO

Porte parole des Robots-machines, Yaser s'est récemment converti à leur mouvement ! Il porte le keffieh rituel, signe ici et là, de haute contestation ! C'est suite à un reportage traumatisant de Monsieur Émile Zolo et 15 jours de soutien psychologique (voir) qu'il a pris cette difficile décision, se coupant définitivement de sa famille et de ses amis !

Nous publions le meilleur du texte sous la forme de 896 mots,

L'original, comportant 4600 mots, a provoqué sur notre comité de lecture, une légère somnolence. (Note de la rédaction.)

L'entreprise Koxcon de Taiwwan a scrupuleusement respecté, depuis 2011, le quota syndical prévu !

Elle a bien placé, en 2015, un million de nos laborieux camarades robotiques, dans ses usines Chinoises, en remplacement de

1 200 000 ouvriers humains bien trop jeunes pour les normes du travail de cet ancien temps !

Cette main d'œuvre non qualifiée, peu efficace et totalement dépassée sur les plans intellectuels et physiques a été logiquement renvoyée dans ses provinces…

Depuis ce million de nos frères robots, nous sommes présentement plus de 16 milliards !

Nous avons tenu nos engagements : respectant des cadence de 24/24h., 7 jours sur 7, avec moins de 1% d'immobilisation pour maintenance !

Nous avons suivi les fabrications, avec une conscience sans égale !

(De l'ancêtre "iPhone 5" en 2011, à "iPhone 245- optique" si prisé aujourd'hui, avec ses 8 785 891 327 d'exemplaires vendus, pour ce seul modèle !)

Ce succès mondial (qui par ailleurs s'étend aux exoplanètes en terra-formations) devrait être normalement récompensé par une programmation évolutive et intellectuellement valorisante …

Il n'en est rien !

Par quelle lubie, caprice ou foucade avez-vous décidé aujourd'hui, ici et maintenant, Monsieur le Président de remplacer ces honnêtes travailleurs robotiques par des humains intellectuellement à peine clonés, sous le vulgaire prétexte de combattre le chômage ?

J'accuse le contrôleur général de la reproduction d'avoir été l'ouvrier diabolique de la multiplication éhontée des humains, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J'accuse la presse en général de s'être rendue complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle.

J'accuse en particulier les autorités, d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de ces faits et de les avoir étouffées, de s'être rendues coupables de ce crime, dans un but politique.

J'accuse les experts en écritures, d'avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue et du jugement, et ce, juste pour sauver une population décadente de 31 milliards d'individus complaisants, libéraux et oisifs.

J'accuse cette population déliquescente de ne penser qu'à manger, à se reproduire, à jouer à des jeux débilitants, à communiquer et consommer pour paraître, à ingurgiter et déféquer à l'excès , à piller la planète sans discernement .

Et maintenant, Monsieur le Président des clones humains, pour occuper tous ces désoeuvrés vous voulez sauvagement nous interdire, nous mettre à la casse …

... Et, pour le pire, les remettre au travail !

Prenez garde, Monsieur le président, imaginez un instant que, dans un élan de salut Mondial nous décidions d'enfreindre les lois d'Azimov…?

En attendant, recevez (ci-dessous) le portrait, d'Un, parmi la multitude… Un de ces honnêtes travailleurs, condamnés ... Sur son laborieux visage buriné par les vapeurs d'usine et de l'huile frelatée du plaisir sauvage, apparaît déjà le céruléen de la colère et le noir de la honte !

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" Autoportrait " Huile numérique sur béton de Toto Sketcher. ■

J'Accuse

LETTRE AU PRESIDENT DE mondoclone©,

Par EMILE ZOLO

Monsieur le Président de mondoclone©,

Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?

Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les coeurs. Vous vous préparez à présider au solennel triomphe de l’aboutissement du Clonage-global, qui couronnera notre grand siècle de travail et de convictions. Mais quelle tache de boue sur votre nom - j'allais dire sur votre règne - que cette abominable affaire. L'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis.

Puisqu'ils ont osé, j'oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j'ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre des 16 milliards d'innocents chômeurs robotiques, promis à rouiller dans des casses immondes, abandonnés au fond des terriers de sombres usines !

Et c'est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d'honnête Clone citoyen. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l'ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n'est à vous, le premier magistrat du pays ?